Mes trois voyages étaient terminés. Ils avaient été motivés par mon désir de réveiller les feux sacrés de la connaissance. J’avais consulté et écouté de nombreux guides, de différentes disciplines, de différentes opinions, de différentes vibrations. Sans eux, seule, je ne serais pas allée très loin. Ils me furent très précieux. Je les en remercie à nouveau chaleu-reusement Et, au fil de mes avancées, je m’étais de plus en plus laissé guider par mon intuition.
De nombreuses questions m’avaient accompagnée et stimulée. Certaines avaient trouvé des réponses. Au terme de ce périple, d’autres restaient avec de grands points d’interrogation. Celles relatives notamment à la diversité des langues parlées sur la Terre, à la notion des races, à l’existence de plusieurs humanités et à la manière dont elles auraient pu se croiser. Celles relatives également au rôle possible d’extraterrestres dans l’évolution de l’humanité et des civilisations. Sur ces sujets, des directions se dessinaient, mais rien, dans mon esprit tout au moins, n’était encore précisé avec clarté. Je n’avais aucune certitude. Seulement des présomptions et des intuitions. Ce qui me semblait en revanche évident à la fin de mes voyages, c’est que l’évolution de l’univers, de la Terre et de l’humanité n’est pas aussi simple et linéaire que la science conventionnelle académique nous le raconte, aussi simple que les enfants l’apprennent à l’école et que, devenus grands, ils le répètent à leurs propres enfants. Il manque quelque chose à la vision occidentale, cartésienne et matérialiste. Il lui manque les apports de la métaphysique, ce mélange de philosophie et de spiritualité qui ouvre sur les thèmes essentiels que sont la connaissance, la quête de sens et la liberté. Abraham Maslow, je l’avais noté aux portes de la conscience, le soulignait à sa manière : « De nombreux scientifiques ont abandonné ces problèmes, les considérant comme “non-scientifiques”. Cependant les laisser aux “non- scientifiques” entraîne la séparation du monde de la science et du monde des “humanités”, ce qui est une mutilation pour les deux univers. » Des choses sont ainsi à changer.
[...] Dans l’épilogue qui suit, le ton est plus raisonnable, plus formel et peut-être plus distant que dans le récit de voyage. Les mots, les phrases et les idées proposées n’en restent pas moins animés du même désir de vie et du même rêve. Celui qui nous invite à nager avec les dauphins ; ou encore à lever, en conscience, le voile de pollution émotionnelle que nous produisons et qui entoure la Terre. Un rêve qui envoie dans l’univers, la pensée qu’il serait possible qu’un jour plus aucun être, et surtout plus aucun enfant, ceux d’aujourd’hui et ceux qui vivent en nous, ne puisse mourir de faim ou de froid, ce froid qui nous enveloppe quand le sens, la chaleur et la simplicité de l’amour sont figés, détournés et éloignés.[...]
Dépasser enfin la barrière invisible
Aussi motivés, sincères, pertinents et authentiques soient celles et ceux qui appellent de leurs vœux un changement global, un changement qui mettrait la vie au cœur des dynamiques humaines, un changement transdisciplinaire et holistique, et quelle que soit l’énergie de celles et de ceux qui s’impliquent très concrètement pour le faire advenir, nous constatons (et eux-mêmes également) à quel point les résultats de leurs efforts sont limités. Que ce soit dans les entreprises, dans les associations, dans les institutions, dans le système éducatif, dans le secteur de la santé, ou dans le champ de la politique, tout se passe comme si leurs énergies et leurs intelligences déployées se heurtaient à une limite invisible. Et alors que ces énergies et ces intelligences pourraient permettre d’ouvrir de nouveaux possibles pour les collectifs humains et pour l’humanité, elles perdent toute leur force en butant sur une sorte de barrière invisible. Elles se dispersent ensuite mollement dans la société. Ces énergies et ces intelligences portent pourtant en elles des solutions pour aller plus loin dans la manière de vivre ensemble, de se nourrir, de se soigner, de travailler, de produire, de consommer, de diriger, d’imaginer, de créer, de rêver. C’est ce qu’illustre par exemple le film Demain, de Mélanie Laurent et Cyril Dion, sorti dans les salles en 2015.
Cette barrière invisible est particulièrement présente dans l’univers de la société civile, qui regroupe les forces citoyennes alternatives. Les propositions novatrices qui en sont issues, à l’échelle locale comme à l’échelle internationale et planétaire, ne parviennent pas à se faire entendre et à se concrétiser. Le système économique productiviste et consumériste dominant orienté vers le toujours plus, sous l’égide duquel nous vivons depuis quelques décennies, associé à des systèmes politiques et médiatiques incapables d’intégrer la nouveauté, est figé et résiste à toute remise en question et à toute transformation en profondeur. De nombreux humains, citoyens, militants et « mutants », s’épuisent ainsi à tenter de le faire évoluer. Pourtant, cette société civile, dans sa diversité, porte en elle les ferments de créativité dont nous avons besoin si nous voulons poursuivre l’aventure de notre humanité. Mais il y a aujourd’hui cette barrière invisible. Nous vivons ainsi en circuit fermé. C’est nous qui avons créé cette réalité. Nous en sommes responsables. Nous seuls pouvons la transformer.
Au terme de mes trois voyages, une impression qui m’animait déjà fortement avant mon départ s’est transformée en conviction. Si nous voulons nous donner une chance de dépasser cette barrière invisible qui nous empêche de progresser et qui nous met biologiquement, écologiquement et socialement en danger d’étiolement ou d’explosion, nous devons réintégrer dans notre culture les questions que nous avons occultées ces derniers siècles. Elles se logent depuis toujours au cœur de l’humanité et se résument en trois points : « Qui sommes-nous ? », « D’où venons-nous ? », « Où allons-nous ? ». C’est la question du sens de la vie, et la question de la vie elle-même, et de tout ce qu’elle implique, qui doit être reposée. La barrière invisible ne volera en éclats que si nous-mêmes re-questionnons individuellement et collectivement nos propres visions, nos limitations et nos intuitions spirituelles et métaphysiques.
Régénérer la laïcité
La laïcité est le principe de séparation entre l’État d’un côté et les religions de l’autre. C’est un trésor précieux pour qui veut « faire démocratiquement société ensemble ». Il permet de vivre ensemble au-delà des croyances Mais la laïcité a engendré un effet pervers. Elle aboutit à écarter des débats de société la question du sens de la vie et donc la question de la spiritualité. Les religions avaient commencé à appauvrir l’espace de la spiritualité, il y a quelques siècles déjà, en contrôlant son accès. Les Églises (et leurs dogmes) étaient nées et avec elles le respect d’ordres (confiés à des hommes) érigés en passages obligés. Les sciences ont pris le relais quelque temps après, en affirmant le règne de la raison, de la matérialité, et de l’objectivité. L’État a donc suivi avec la laïcité. De sorte qu’aujourd’hui, lorsque la question du sens de la vie est posée, le politique renvoie la question de la spiritualité à la religion. Celle-ci la traite selon son propre système d’interprétation puis renvoie à son tour ce qu’elle n’a pas pu intégrer, ou plutôt ce qu’elle a voulu ignorer, on ne sait pas bien où, en l’air. La spiritualité retombe au milieu des citoyens. La science conventionnelle académique fait quant à elle comme si rien de tout cela ne la concernait. Résultat : la question du sens de la vie n’est plus abordée. Si certains citoyens et scientifiques non conventionnels se saisissent alors tout de même du sujet, et tentent d’en parler dans l’espace public, ils se voient immédiatement objecter, au nom de la laïcité, qu’il s’agit là de questions qui concernent les religions, et qu’en conséquence il leur est demandé de garder pour eux seuls ce qu’ils auraient aimé partager.
Nous tournons en rond. La vie publique et ses dirigeants, tout comme la religion et la science académique, se protègent de toute remise en question. Quant aux citoyens, ils restent avec leurs interrogations. Mais attention, ils ne doivent pas aller trop loin dans les réponses qu’ils apporteront en tant que chercheurs-citoyens indépendants. Car ils seront aussitôt suspectés de créer ou d’alimenter des mouvements sectaires. S’ils persistent, ils finiront par être exclus, parfois même condamnés. C’est le cas de nombreux chercheurs et scientifiques qui se sont aventurés au-delà des chemins académiques. Ils sont qualifiés dès lors de pseudo- scientifiques, souvent de charlatans, puis marginalisés. On ne visite pas impunément les espaces de la spiritualité de nos jours.
La connaissance telle que les traditions de sagesse l’enseignent, et telle que les sciences nouvelles nous la révèlent, ne convient pas à tous ? Parlons-en ! Mettons ce contenu en débat public et faisons bouger les lignes. Explorons ensemble. Acceptons le changement. Réinventons «notre» connaissance. Mais sans l’amputer de notre dimension spirituelle. Pour l’heure, la laïcité agit à contre-emploi de sa raison d’être. Au lieu d’ouvrir des espaces de « liberté d’être » dans la société, déconnectés du poids des croyances religieuses, elle renforce les crispations et réduit le champ de l’humain. Régénérons-la. La laïcité doit urgemment être revisitée.
Cesser véritablement de tourner en rond [...] Réinterroger nos intentions pour trouver la direction [...] Vivre en bonne intelligence relationnelle [...] Développer notre discernement [...] Passer de la « bonne conscience » à la « conscience » [...] Unir, relier [...] Rechercher la complémentarité [...] Opter résolument pour l’optimisme [...] Agir au niveau des « petits groupes » [...] L’ultime chantier [...]